Page:Dumarsais - Œuvres, t7, 1797.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rien n’est si incertain que la naissance de Jésus-Christ ; on compte plus de quarante opinions différentes sur cette époque. La plus commune est qu’il naquit l’an de Rome 748 ; ce qui ne peut s’accorder avec S. Luc, qui dit qu’il avoit trente ans, lors de la treizième année du règne de Tibère. Cette difficulté a tellement embarrassé les commentateurs, qu’il y en a qui comptent les années de son adoption pour celles de son règne ; ce qui, cependant, ne s’accorde pas mieux avec l’époque ordinaire. L’heure, le mois, la saison de cette naissance, sont aussi peu connues que l’année ; et c’est sur cette tradition sans fondement qu’on l’a placée la nuit du 25 décembre.

L’année de la mort de Jésus-Christ est encore une source de disputes parmi les chronologistes ; et il est bon de faire voir à cette occasion la fausseté d’un fait avancé par quelques défenseurs de la religion chrétienne ; ils disent que les ténèbres arrivés à la mort de Jésus, suivant les écrivains évangélistes, furent aperçues de toute la terre, et que Phlégon en parle dans ses chroniques ; comme ce point est assez important, il est bon de l’éclaircir le plus exactement qu’il nous sera possible.

L’ouvrage de Phlégon ne subsiste plus ; le plus ancien auteur qui en parle est Julius Africain, qui vivoit quatre-vingt-six ans après lui : il dit simplement que Phlégon rapporte qu’il y eut une éclipse totale sous le règne de Tibère. Origène en parle un peu plus au long dans son commentaire sur Saint Mathieu ; mais il n’en désigne point l’année, et il ne paroît pas convaincu que cette éclipse ait aucun rapport avec