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La généalogie de Jésus, qui est certainement un des points fondamentaux de le religion, nous en fournit un exemple bien singulier, et si extraordinaire, qu’on auroit peine à le croire, s’il n’étoit pas aussi facile de le vérifier. S. Mathieu et S. Luc en donnent chacun une différente ; et pour qu’on ne croye pas que ce sont de ces différences légères, qu’on peut attribuer à méprise ou inadvertance, il est aisé de s’en convaincre par ses yeux en lisant Mathieu, au chapitre premier, et Luc, au chapitre troisième. On verra qu’il y a quinze générations de plus dans l’une que dans l’autre ; que depuis David elles se séparent absolument ; qu’elles se réunissent à Salathiel ; mais qu’après son fils elles se séparent de nouveau et ne se réunissent plus qu’à Joseph.

Dans la même généalogie, S. Mathieu tombe encore dans une contradiction manifeste ; car il dit qu’Osias étoit père de Jonatan ; et dans les Paralipomènes, liv. Ier, chap. III , vers. 11 et 12, on trouve trois générations entre eux, savoir : Joas, Amasias, Azarias, desquels Luc ne parle pas plus que Mathieu. De plus, cette généalogie ne fait rien à celle de Jésus, puisque, selon notre loi, Joseph n’avoit eu aucun commerce avec Marie.

Mais, me dira-t-on, est-ce qu’on ne répond rien à ces difficultés ? Etes-vous le premier qui les ait faites ? Non sans doute, elles ont été faites plus d’une fois ; et voici quelques-unes des réponses : les uns ont dit que l’un des deux évangélistes avoit apparemment donné la généalogie de la Vierge sous le nom de Joseph ; d’autres, que les deux généalogies étoient sans