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Nous venons de voir que le nom de Messie n’a aucune application qui soit particulière à Jésus ; disons la même chose du nom de Christ ; ce mot fait illusion à bien des gens ; mais il est une nouvelle preuve que les Juifs attendoient le Messie libérateur comme un roi ; car il ne signifie autre chose que Oint, qui est le caractère distinctif de la royauté ou du commandement. C’est en ce sens que Cyrus est appelé dans l’écriture le Christ du seigneur et que Jonathas Machabée est véritablement désigné sous le nom de Christ, dû au conducteur du peuple. Abraham et Isaac sont appelés du même nom en plusieurs endroits de la Genèse. Ainsi donc on ne peut pas dire, que ce soit Jésus que les prophètes ont eu en vue, lorsqu’ils se sont servis des termes de Christ et de Messie, et je crois qu’on peut regarder ce fait comme une vérité incontestable.

Voyons maintenant si ces écrits sont du moins revêtus de quelque autorité qui puisse les faire regarder comme des histoires exactes. Servons-nous dans cet examen des mêmes moyens que nous employerions pour découvrir la vérité d’une histoire ordinaire. Comparons les évangélistes entre eux et avec les autres contemporains ; enfin faisons le plus brièvement qu’il nous sera possible, à l’égard du nouveau testament, ce que nous avons fait à l’égard de l’ancien. Nous n’irons pas loin, sans trouver des faussetés prouvées, des impossibilités physiques et des contradictions formelles, qui détruisent également l’autorité des uns et des autres de ces écrivains.