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afin que si pareil malheur leur arrivoit à eux-mêmes cela pût être regardé comme un accomplissement de ce qu’ils avoient prédit. Mais le véritable Messie qu’ils attendoient, qui devoit les affranchir pour jamais de toutes leurs captivités, devoit selon eux être le vainqueur de toutes les nations et faire respecter le nom juif par toute la terre.

Il est si vrai que telle étoit l’opinion des Juifs, qu’environ cent ans après, un nommé Barkokebas, voulant passer pour le Messie, ne manqua pas de se conformer à cette idée ; il se mit à la tête d’une armée, se révolta contre les Romains, et s’il n’avoit pas été vaincu par l’armée d’Adrien, il auroit sans peine été reconnu pour le Messie, d’autant plus qu’il paroissoit en avoir tous les caractères. Il prophétisoit, il faisoit des miracles, et faisoit quadrer quelques prophéties avec le temps de sa venue. Les premiers chrétiens, pour soutenir leur cause, firent plusieurs écrits contre ce nouveau Messie ; ils voulurent le faire passer pour l’Anté-Christ ; il est visible que l’apocalypse de S. Jean n’a pas d’autre objet : si cet ouvrage méritoit d’être examiné avec attention, on en trouveroit plusieurs preuves ; comme lorsqu’on reproche à l’Anté-Christ[1] qu’il mutile ses frères et qu’il les marque au front ; parce qu’effectivement Barkokebas en usoit de la sorte, afin que ceux qui avoient suivi son parti, ne fussent plus en état de l’abandonner sans être connus.

  1. Apoc. chap. 5 v. 16 chap. 14 v. 9. chap. 20. v. 4.