Page:Dumarsais - Œuvres, t7, 1797.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je suis bien surpris de voir que quoique ce siècle soit un des plus féconds en historiens et en auteurs de tout genre, aucun n’a parlé de ces miracles ; ils ignorent même jusqu’au nom de celui que nous disons en être l'auteur. Ces mêmes historiens[1], qui ne nous ont pas laissé ignorer qu’il avoit plu des pierres dans la Syrie, qu’on avoit vu des armées combattant dans les nuées ; enfin qui nous ont raconté cent prodiges ridicules qui n’existoient que dans l’imagination des peuples ; ces mêmes gens ne nous ont rien dit des miracles qui s’opéroient de leur temps aux yeux de toute la terre.

Hérode fait, dit-on[2], massacrer tous les enfans au-dessous de trois ans. Une pareille inhumanité n’est rapportée par personne. Un seul évangéliste en parle.

Saint Luc paroit même le contredire en disant[3], qu’aussitôt après la purification, Joseph et Marie retournèrent à Nazareth, d’où ils alloient tous les ans à Jérusalem, au lieu que S. Mathieu les fait demeurer trois ans en Egypte, pour se dérober à la persécution d’Hérode. Dira-t-on qu’une action si folle et si barbare pouvoit être ignorée, et qu’elle n’étoit pas assez importante, pour que les historiens daignassent la transmettre à la postérité ? Je doute qu’on puisse faire une pareille réponse de bonne foi, ni qu’on puisse regarder comme une preuve de ce fait le témoignage de

  1. Valère Maxime, Tite-Live, Joseph.
  2. Mathieu, ch. 2. v. 13 et suiv.
  3. Luc, ch. 2 v. 59 et 41.