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D’où tenons-nous donc ces livres ? qui nous les a transmis ? qui les a attribués à ceux dont ils portent le nom ? qui est-ce qui les a assemblés et rangés dans l’ordre où ils sont aujourd’hui ? je ne veux pour répondre à toutes ces questions, que consulter les livres mêmes.

Esdras[1] nous apprend que dans la captivité, d’où le peuple d’Israël revint sous sa conduite, tous les livres de la Loi furent brûlés, et que ce fut lui qui, avec cinq autres personnes, les écrivit tous. A la vérité il ajoute que l’esprit de Dieu les lui dicta, et qu’il les refit précisément tels qu’ils étoient auparavant. Il est inconcevable qu’une aussi foible autorité soit l’unique fondement du respect qu’on exige de nous pour cet ouvrage merveilleux. Le livre que nous venons de citer, existe pourtant ; il est entre les mains de tout le monde ; il est au nombre des livres sacrés, et a été regardé comme canonique jusqu’au concile de Trente ; on en sentit alors la répugnante conséquence, et les deux derniers livres d’Esdras ne furent point insérés dans le canon publié par le concile : mais ils se trouvent dans toutes les Bibles, soit manuscrites, soit imprimées, avant le quinzième siècle ; et il est aisé d’imaginer les raisons qu’on a eu de les supprimer. Voilà donc les seuls fondemens et la seule autorité sur laquelle est établie l’autorité des livres de l’ancien Testament. Je sais qu’on répond à cela, que le Pentateuque Samaritain dont nous avons parlé, justifie Esdras, et fait

  1. Liv. 4. Chap. 14. v. 21. et suiv.