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qu'au déluge, que mille six cents cinquante-six ans ; les Septante en comptent deux mille deux cents soixante-deux ; ils donnent cent ans de vie plus que la Vulgate, à chacun des ancêtres d’Abraham, et mettent une génération de plus en introduisant un certain Caïnam dont la Vulgate ne parle pas.

Si l’on examine sans prévention, quelle est la cause de cette grande différence, on trouvera que ce ne fut point une erreur d’inadvertance, mais une fraude nécessaire, sans laquelle la religion juive étoit à deux doigts de sa perte. Ptolomée voulut faire traduire la Bible en grec ; ce livre alloit paroître aux yeux d’une nation éclairée, il fallut donc en concilier la chronologie autant qu’on pouvoit avec celle des Grecs ; et l’on fut obligé de reculer considérablement le déluge, parce que les histoires grecques remontant plus haut que le temps auquel il étoit fixé dans l’hébreu, la fausseté en auroit été démontrée sur le champ. C’est la même raison qui fait qu’encore aujourd’hui les missionnaires qui vont à la Chine, sont obligés de se servir de la traduction des Septante, malgré la décision du concile de Trente, parce que les histoires chinoises sont beaucoup plus anciennes que le temps auquel nous fixons le déluge suivant la Vulgate.

Disons encore un mot d’un autre exemplaire des livres de Moïse, qui est connu sous le nom de Pentateuque Samaritain ; il contient à peu près les mêmes faits que les cinq premiers livres des Septante et de la Vulgate ; mais il nous fournit de nouvelles preuves de l’infidélité répandue dans tous ces ouvrages. On y