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FRAGMENT

SUR

LES CAUSES DE LA PAROLE.




Dès que nous venons au monde, nous sommes affectés de différentes sortes de sensations, à l’occasion des impressions sensibles que les objets extérieurs font sur nos sens. Nous sommes capables de voir, d’entendre, d’imaginer, de concevoir, de ressentir du plaisir et de la douleur ; et dans la suite nous réfléchissons sur toutes ces différentes affections ; nous les comparons, nous en tirons des inductions, etc.

Ces sentimens ou affections supposent premièrement, et de notre part, qu’il y ait en nous tout ce qu’il faut pour en être susceptibles ; c’est-à-dire, que nous ayons les organes destinés par l’auteur de la nature à produire ces effets, et que ces organes soient bien disposés.

En second lieu, il est nécessaire, de la part des objets, qu’ils soient tels qu’ils doivent être, afin que tel sentiment résulte de telle impression.

Les aveugles ne voient point, parce que leurs yeux n’ont point la conformation requise pour voir ; et nous ne voyons point dans les ténèbres, parce que les corps ne reçoivent