mais de plus chaque trope difère d’un autre
trope, et cette diférence particulière consiste
dans la manière dont un mot s’ecarte de sa
signification propre : par exemple, Il n’y a plus de Pyrénées, dit Louis XIV d'immortelle
mémoire, lorsque son petit-fils le duc
d’Anjou, aujourd’hui Philippe V, fut apelé à la
couronne d’Espagne. Louis XIV vouloit-il
dire que les Pyrénées avoient été abimées ou
anéanties ? nulement : persone n’entendit cette
expression à la lettre, et dans le sens propre ;
elle avoit un sens figuré. Boileau faisant allusion,
à ce qu’en 1664 le roi envoya au secours
de l’empereur des troupes qui défirent les
Turcs, et encore à ce que sa majesté établit la
compagnie des Indes, dit :
Discours au roi.
Quand je vois ta sagesse. . . . . . .
Rendre a l'Aigle éperdu sa premiere vigueur,
La France sous tes lois maîtriser la fortune,
Et nos vaisseaux domtant l’un et l’autre Neptune . . . . . .
Ni l’Aigle ni Neptune ne se prènent point là dans le sens propre. Telle est la modification ou diférence générale, qui fait que ces façons de parler sont des tropes.
Mais quelle espèce particulière de trope ? cela dépend de la manière dont un mot s’écarte de sa signification propre pour en prendre une autre. Les Pyrénées dans le sens propre, sont de hautes montagnes qui séparent la France et l’Espagne. Il n’y a plus de Pyrénées, c’est-à-dire, plus de séparation, plus de division, plus de guerre : il n’y aura plus à l’avenir qu'une bone intelligence entre la France et l’Espagne : c’est une métonymie du signe, ou