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île qu’il avoit dans le Rhône, il s’exprime en ces termes :


Qu’est-ce en éfet pour toi, grand monarque des
Gaules,
Qu’un peu de sable et de gravier ?
Que faire de mon île ? Il n’y croit que des saules ;
Et tu n’aimes que le laurier.


Saules est pris dans le sens propre, et laurier dans le sens figuré ; mais ce jeu présente à l’esprit une pensée très-fine et très-solide. Il faut pourtant observer qu’elle n’a de vérité que parmi les nations où le laurier est regardé come le symbole de la victoire.

Les allusions doivent être facilement aperçues. Celles que nos poètes font à la fable sont défectueuses, quand le sujet auquel elles ont raport n’est pas conu. Malherbes, dans ses stances à M. du Périer pour le consoler de la mort de sa fille lui dit :

Poésies de Malherbe, I. vi.


Tithon n’a plus les ans qui le firent cigale,
Et Pluton aujourd’hui,
Sans égard du passé les mérites égale
D’Archemore et de lui.

Il y a peu de lecteurs qui conoissent Archemore, c’est un enfant du tems fabuleux. Sa nourice l’ayant quité pour quelques momens, un serpent vint et l’étoufa. Malherbe veut dire que Tithon, après une longue vie, s’est trouvé à la mort au même point qu’Archemore, qui ne vécut que peu de jours.

L’auteur du poème de la Madeleine, dans une apostrophe à l’amour profane, dit, parlant de Jésus-Christ :

I. 2, pag. 25.


Puisque cet Antéros t’a si bien désarmé :

Le