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BELPHÉGOR
VAUDEVILLE FANTASTIQUE.


Le théâtre représente un Jardin en terrasse, avec balustrade au rond. — À droite, au deuxième plan, l’entrée de la villa du marquis, exhaussée de quelques marches. — À gauche, au premier plan, un pavillon de jardinier, dont la porte fait presque face au spectateur. — Au deuxième plan, un bosquet carré en charmille dont l’entrée fait face à la villa ; en face du spectateur, une grande ouverture, en forme de fenêtre, qui laisse voir l’intérieur du bosquet, dans lequel est un banc. — Plus à droite, et touchant au bosquet, une touffe de dahlias de toutes couleurs. — À droite, au premier plan, masquant les marches du palais, une table rustique, et, près de cette table, une chaise.


Scène PREMIÈRE.

FIAMETTA, seule. Elle sort du pavillon, portant un gâteau, qu’elle pose sur la table de droite.

Là !… j’espère que voilà une pâtisserie un peu réussie… C’est blond comme les cheveux de mon cher Pépito… c’est appétissant comme ses joues… et c’est tendre…comme lui, quoi !… (Se tournant vers le pavillon.) Aussi, vous voyez, monsieur… on vous mijote, on vous sucre… on se lève en catimini pour vous faire de la pasta-frolla… (À elle-même.) Dame ! un petit mari de huit jours… tout frais, tout neuf… et si gentil !


AIR : Renaud de Montauban.

Il est tout jeune, à peine dix-neuf ans ;
Il est charmant de taille et de figure ;
Il a pour moi mille seins complaisants.
Pourvu, mon Dieu, pourvu que ça dure !
Car les maris, surtout ceux d'à présent,

(Montrant le gâteau.)

Aux p’tits patés ressembl’nt à s’y méprendre :
Quand c’est tout chaud, c’est toujours tendre,
Ça d’vient rassis en r’froidissant.

(Voyant près du bosquet une bêche et un rateau.) Mais… ce n’est pas tout que d’être époux, il faut être jardinier… de temps en temps… quand on est aux gages d’un marquis… Il a beau ne jamais venir ici M. Brancador… il tient beaucoup à ses