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SATYRE XXIII.

Que tout est perverti, qu’on ne fait nul scrupule
De plaider hardiment encontre sa cedule ;
Qu’un Bulliste caffar, pour un maravedis,
Mais que dis-je, pour moins, promet le Paradis ;
Que le vice a cela que celuy qui l’évite
N’ayme pas toutefois la vertu gratuite,
Laissant l’honneur à part, si tu l’as essayé,
Que chacun en son art desire estre payé ;
Qu’un Médecin croirait gaster la médecine
S’il ne prenoit cinq sols pour juger d’une urine ;
Tandis que l’on verra [qu’] un Procureur Fiscal
Sans dénonciateur laisse régner le mal ;
Que le devoir n’est plus le motif à hien faire,
Encor moins la raison, mais plustost le salaire.
Je feray de ces vers pour m’en entretenir.
Véritables témoins, aux peuples à venir,
Que je fîi tellement ennemy du desordre
Qui se voit dans les mœurs que je le voulu mordre.
Si mon siècle m’approuve habile cuisinier,
J’ay rencontré son goust en suite de Renier,
Qui coule aussi bourbeux que le père Lucile ;
Mais pour le reformer je ne suis pas Concile ;
Prenant la chose au pis, quand il seroit parfait.
Il ne me ferait pas hayr ce que j’ay fait.
Si parfois neantmoins je croyais mon courage,