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EPISTRE AU ROY

Joint qu’enseigner mon roy c’est enseigner Minerve,
Mais mon esprit se laisse emporter à ma verve.
Il sera toutefois en ce lieu si discret
Qu’il se gardera bien de sonder le secret,
Mais il demeurera dans l’air de mon génie,
Qui d’honorer les roys sans cesse le convie.
En effect, mon dessein n’est que de vous servir
Et de vous estimer, coustumier de sévir
Sur les erreurs humains que chasse ma satyre.
Dessus vos actions il n’y a que redire.
Rien ne se peut trouver icy bas de parfait
Que ce que vostre main depuis deux ans a fait ;
La preuve maintenant est trop claire et certaine
Que des nobles Bourbons la tige n’est humaine ;
Leurs pères sont les dieux : car, aux autres enfans,
Le courage et valeur viennent avec les ans ;
La vostre, poursuivant sa royale advanture,
Hautaine, a renversé tout ordre de nature.
HaPrince envoyé du Ciel, rejetton de Henry,
Sous lequel si long tens nostre France a flory.
Savourant les doux fruicts d’une paix si tranquille
Que les champs estoient lors aussi seurs que la ville.
Des Pheaques oisifs l’Estat est fabuleux,
Ou n’est qu’un ombre vain du nostre plus heureux.
OuEt ne faut s’estonner si, en vostre jeune âge,
Un serain si plaisant s’est troublé de nuage,
Si le bruict court l’hyver qu’on leve des soudars,