maux sans gravité. Et pendant les vingt-quatre mois que j’ai passés dans ce premier camp, nous n’eûmes qu’un seul décès, celui d’un poitrinaire.
Le médecin militaire qui est venu m’examiner a approuvé le traitement recommandé par le docteur interné et m’a ordonné de garder le lit. La fièvre tombe un peu, mais je reste sous observation.
Rester constamment couché, cela engendre, à la longue, un ennui profond. Alors je fais ce que font tous les malades indociles : je me lève. Je bouge. Je furète un peu partout dans l’hôpital, baraque de dimensions moins considérables que les autres et divisée en deux parties dans le sens longitudinal. D’un côté, la porte donne accès à la salle d’hôpital proprement dite où les lits s’alignent de part et d’autre. Au milieu, un cabinet de toilette rudimentaire pour des Montréalais mais luxueux par comparaison avec ceux des autres baraques du camp puisqu’il est muni d’une baignoire, de douches et de lavabos. L’autre porte, du côté opposé, est celle du dispensaire. Elle ouvre sur un petit couloir dans lequel se découpent trois entrées : la chambre de l’aide-infirmier, qui remplit aussi les fonctions de veilleur de nuit, et où l’on fait des médications durant la journée ; la chambre de l’infirmier, qui est en même temps le directeur de l’hôpital (c’est dans cette pièce que se trouve le poêle qui fournit l’eau chaude à toute la bâtisse), et, au fond, le bureau où domine une table en bois blanc pour les écritures ; c’est aussi là que se trouvent les armoires contenant la pharmacie.