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Juillet et août ! Lourdeur des journées accablantes. Le camp entier semble endormi. Rien, toutefois, ne vaudra une journée vraiment équatoriale passée dans le premier des deux villages où j’ai habité. Les citadins disent souvent, quand il fait très chaud : « Ah ! qu’on serait bien à la campagne, au grand air, loin des maisons et des rues… »

Eh bien ! ici, au bord d’un lac, en pleine forêt, on a la sensation d’étouffer. C’est au point que, durant plusieurs jours, le colonel a suspendu les travaux au bois et, après les besognes indispensables pour l’entretien du camp, il a accordé un repos complet à toute la population.

Nous passons le reste de la journée étendus sur nos lits ou sur des bancs ou dans les solariums construits par les internés eux-mêmes, aux portes des baraques, avec des planches rudimentaires et des troncs d’arbre.

L’air est d’une immobilité absolue. On dirait que le monde entier, en contemplation extatique, admire les épousailles mythologiques du soleil avec notre mère la terre. Tel un amant vigoureux et toujours jeune, l’astre d’or féconde de ses rayons ardents les flancs augustes de la vieille planète