rêter devant la Cathédrale sans se dire : « C’est ici que nous nous sommes mariés ! » Et un peu plus loin : « C’est ici que nous avons tant ri ce soir où… » Ailleurs, elle se dira : « C’est ici que nous nous sommes terriblement disputés ! » Et chacune de ces évocations doit être un véritable tourment pour elle ! Tandis que nous, ici, nous sommes comme déracinés de notre passé. Nous voyons chaque jour du nouveau. Et tant que cela durera, cela nous aidera à supporter notre ennui…
De sorte qu’en tenant compte de ce léger avantage — si bien mis en valeur par mon « jeune amoureux » — l’observateur qui pourrait jeter un regard superficiel sur les allées et venues de la population du camp debout de bonne heure, couchée tôt, laborieuse toute la journée, il pourrait presque la croire heureuse.
En réalité, cela ne va pas tout seul !
Le matin, après le petit déjeuner, l’activité de chacun est déjà organisée.
Les équipes qui travaillent dans la forêt partent, hache, pioche ou pelle à la main, escortées par des sentinelles armées, et vont abattre des arbres. Ces hommes quittent le camp en chantant des refrains martiaux. Une équipe, notamment, qui se composait toute d’Italiens de Montréal, chantait « La Madelon » en français. C’était tellement curieux qu’un officier anglais, un vétéran de l’autre guerre, près duquel je me trouvais me fit observer :