Ce matin, après le petit déjeuner, je m’installe à la petite table de travail à côté de mon lit, près de la fenêtre par où la forêt monotone étale sa couleur vert fatigué de l’été.
Je prends mon petit calendrier et, comme chaque jour, j’inscris la date : « 5 octobre 1943. Mille deux cent dixième jour d’internement. »
« Diable ! me dis-je, cela commence à compter…Mais il ne faut pas que je divague ! J’ai beaucoup de travail devant moi. Je dois corriger les exercices écrits de mes élèves… »
Je soupèse les cahiers. Ils ont bien diminué. Des quatre-vingts élèves du début de la saison, il ne reste plus qu’une cinquantaine. Trente sont partis : les marins allemands sont allés dans un autre camp ; des civils ont été libérés.
Des Italiens, à l’exception des marins, il ne reste plus que sept ou huit hommes. Quatre d’entre eux se sont volontairement fermé toute porte de sortie. Interrogés, ils ont déclaré qu’ils « ne voulaient pas respecter les lois ». C’est peut-être brutal, mais c’est franc !