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LE MIRACLE DE LA FOI

minutes une équipe de décorateurs transformaient en chapelle.

La nuit de Noël nous eûmes la permission de rester debout jusqu’à deux heures du matin. La messe de minuit fut célébrée et suivie d’un souper organisé dans chaque baraque. Entre temps, on se rendait visite, on échangeait des vœux, on riait, on criait. Mais, dehors, dans l’obscurité de la nuit, entre une baraque et l’autre, j’ai rencontré des hommes qui pleuraient…

Les trois messes de la nuit de Noël ainsi qu’un solennel office religieux pour Pâques se renouvelèrent chaque année.

Un jour, le révérend Père fut appelé. Il était libéré. Il demanda en vain de rester avec ses « ouailles ». Il lui fallut partir.

La loi est la loi. De même que personne ne peut empêcher que l’on soit interné si on doit l’être, de même rien ne peut faire rester ceux qui doivent s’en aller.

Mais le brave homme n’oublia pas ses anciens compagnons, et, régulièrement, il écrivit, surtout à ceux qui en avaient le plus besoin.

Après son départ, ce furent des aumôniers canadiens-français qui vinrent tous les dimanches. Il y en avait qui, au plus fort de l’hiver, faisaient jusqu’à cinq milles à pied dans la neige pour venir accomplir leur mission chrétienne dans notre petite ville. Quant aux protestants — bien que les pasteurs internés fussent nombreux — ils attendaient presque toujours l’arrivée d’un aumônier de l’armée pour leur service.