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LA VILLE SANS FEMMES

— Le jour où Paris sera à la veille de capituler, les francophobes qui entourent Mussolini en profiteront pour l’entraîner dans la guerre. Et alors…

Alors ils n’osaient plus formuler leur pensée, exprimer leurs inquiétudes. En tout cas, ce serait une « sale histoire » pour tous ceux qui, habitant le Canada, avaient manifesté une sympathie idéologique ou platonique envers le fascisme, car ils se trouveraient à devenir ipso facto des ennemis !

— Que deviendrons-nous ? se demandaient ces Italiens, auxquels, évidemment, on ne pouvait faire grief de ce que déciderait le Gouvernement de Rome.

Des amis, gens bien intentionnés ou bien renseignés, avaient pris le soin de les prévenir :

— Prenez garde à vous ! Si Mussolini déclare la guerre, vous courrez le risque d’être internés.

Les Italiens répondaient :

— Pourquoi le serions-nous, puisque nous n’avons rien fait contre le Canada, que nous avons créé une famille ici, dans le pays…

— N’importe ! rétorquait-on ; les lois de la guerre sont les lois de la guerre ! Des Canadiens seront internés en Italie. Il est naturel qu’il y ait des Italiens internés au Canada. Et le dialogue se poursuivait ainsi.

L’Italien avait beau faire valoir l’innocence de ses intentions, protester qu’il n’avait jamais été ni espion, ni chargé de mission, ni investi d’un mandat quelconque par le Gouvernement italien, la réplique inflexiblement logique était celle de l’ami : « Les lois de la guerre sont les lois de la