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LES PRISONNIERS DES PRISONNIERS

pendant vingt minutes dans une petite guérite abandonnée près de l’entrée de la caserne…

Dans le premier camp, gardés également par un autre régiment de jeunes soldats, nous fûmes très bien traités. Je me souviens qu’au cours d’une de mes journées de travail dans la forêt, pendant les dix minutes de repos accordées pour chaque heure de travail, un des jeunes soldats d’escorte, assis à côté de moi, m’avoua :

— Je ne devrais pas vous adresser la parole parce qu’on m’a dit que vous êtes tous très dangereux… Mais je m’aperçois que cela ne doit pas être vrai.

Et là-dessus nous engageâmes une conversation des plus cordiale. Tout à coup, se levant brusquement, mon interlocuteur s’écria :

— Attention !… Voilà le sergent qui arrive !

Si les soldats chargés de la garde extérieure du camp changeaient tous les trois mois, par contre ceux qui avaient la tâche d’assurer le fonctionnement du camp étaient presque inamovibles. C’est ainsi que dans l’état-major de cette garde permanente, chacun avait, si l’on peut dire, des amis. L’officier d’habillement qui prit la succession de celui que nous trouvâmes en arrivant, par exemple, était ce qu’on peut appeler un chic type. Tout le monde l’aimait, et il aurait pu faire ce qu’il aurait voulu de nous tous. Le jour où il fut transféré ailleurs, il vint nous saluer un à un, nous souhaitant sincèrement d’être « bientôt libérés ».

Son successeur hérita de sa popularité, et était également aimé par tous.