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LA VILLE SANS FEMMES

Une autre tentative organisée par un petit groupe d’Allemands avorta de même. Ceux-ci avaient imaginé de creuser sous la cuisine un tunnel se prolongeant jusqu’au delà des fils de fer barbelés et aboutissant en pleine forêt. Mais les auteurs de ce plan avaient tout simplement oublié de trouver un endroit où mettre sans qu’on l’aperçoive la terre enlevée pendant qu’ils perçaient le tunnel. Aussi l’affaire fut vite éventée…

Je demandai un jour à l’un de ces maniaques de la fuite :

— Pourquoi faire ces tentatives, quand vous savez, avec une certitude mathématique, qu’elles ne peuvent aboutir à rien et que vous êtes fatalement condamnés à être repris ?

— Nous le savons fort bien, me répondit-il, mais cela nous est égal… Cela nous amuse… et fait passer le temps… Même si l’on reste une seule journée en pleine forêt, on a tout de même la sensation de se sentir libre…

Un autre m’avoua qu’il désirait s’échapper du camp, ne fut-ce que pendant vingt-quatre heures « afin de voir des femmes… »

Au début de l’internement, ces essais de fuite étaient punis avec rigueur : deux années de pénitencier. Il y eut deux Allemands, notamment, qui en firent l’expérience, et qui revinrent au camp après avoir passé vingt-quatre mois en cellule. Mais, par la suite, les évadés ne furent plus passibles que de vingt-huit jours de prison au camp.

Départs et arrivées !