Page:Duliani - La ville sans femmes, 1945.djvu/250

Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
LA VILLE SANS FEMMES

pline, les contrastes sont évidents. Comment dire ? Ces contrastes entre les ressortissants des deux pays symbolisaient le vaste drame de la guerre italienne qui se jouait outre-mer. Et telles étaient vraiment les causes réelles du manque de « chaleur » entre Allemands et Italiens.

En ce qui concerne les Italiens, j’eus souvent l’occasion de parcourir des documents officiels à leur sujet et que les intéressés eux-mêmes me faisaient lire. À quelques exceptions près, l’on peut dire qu’ils s’étaient rendus, à juste raison, suspects non pas à cause de considérations doctrinales qu’ils n’auraient été en mesure ni de comprendre ni de saisir, mais surtout parce qu’ils avaient obéi à l’ambitieuse démangeaison de s’afficher aux banquets et aux parades organisés par les consuls, ou par celle de lire leur nom imprimé en toutes lettres dans un petit hebdomadaire local.

C’est pour eux que l’on pourrait paraphraser Madame Roland et dire : « Vanité, vanité, que de sottises l’on commet en ton nom ! »

Personnellement, je voudrais ajouter ceci. Humble serviteur d’un idéal latin, ayant travaillé pendant trente ans, en parfaite communauté de sentiments avec d’illustres italianisants français et d’éminents francophiles italiens, au resserrement des rapports entre la France et l’Italie, je me suis refusé toujours, jusqu’à la dernière minute, à croire en la possibilité d’une guerre fratricide entre les deux pays.