ce manque de « chaleur » étaient de caractère purement matériel. Dans le premier des deux camps où j’ai séjourné, les Italiens étaient en majorité et dirigeaient l’administration. Les Allemands y jouaient volontiers et de parti pris le rôle « d’opprimés ». Dans le deuxième camp, ce fut l’inverse. Dès notre arrivée, il se produisit un incident qui faillit tourner mal. Les Allemands qui y étaient installés, mécontents d’apprendre l’arrivée soudaine et massive de quatre cents autres prisonniers, adressèrent une lettre au consul suisse chargé de la défense de leurs intérêts, employant des expressions jugées « discourtoises » par les Italiens. Aussi, ces derniers, dès le premier jour, protestèrent-ils vertement et ils demandèrent même à Ottawa leur renvoi dans un autre camp. Comme il fallait s’y attendre, on ne crut pas devoir faire droit à leur requête, mais les divergences de vues entre les deux groupes pesèrent pendant des mois sur les moindres détails de la vie du camp.
Non pas que, individuellement, les Allemands fussent peu courtois. Au contraire !
Un Allemand est un homme gentil et aimable. Deux Allemands, c’est déjà un peu l’Allemagne ! Et alors ils deviennent insupportables, a dit je ne sais quel écrivain français. Et, pourtant, on songe à l’Allemagne dont parle Jean Giraudoux dans Siegfried, à ses savants, à ses musiciens, à son peuple laborieux et gâté par les théories de ses philosophes et de ses chefs politiques !
Ici, soit pour la cuisine, soit pour les amusements, soit pour la distribution du travail, soit pour la disci-