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LA VILLE SANS FEMMES

Janos, au contraire, est un garçon susceptible à l’excès, facile à s’emporter mais heureusement prompt à revenir de ses bouderies.

Janos, qui était ingénieur… sur le bateau, est devenu ici un ébéniste admirable. Il fait des travaux en marqueterie qui sont de pures merveilles et qui se vendent, même ici, au camp, à des prix variant entre vingt-cinq et cinquante dollars. Janos est né dans un village que l’on peut dire représentatif de cette Europe centrale si confuse dans ses nationalités et dans ses races, car ce petit coin de terre fut tour à tour ukrainien, polonais et roumain. Pendant la première guerre mondiale, la contrée se trouva au centre d’une bataille entre Russes et Autrichiens et elle passa, à plusieurs reprises, d’une main à l’autre. Janos avait alors sept ans. Ses parents le firent monter sur un chariot qui, traîné par deux bœufs, s’achemina vers un pont. Mais lorsque le véhicule dut le traverser, le pont, qui était miné, sauta en l’air, et le petit Janos s’en tira avec une blessure assez profonde à un pied.

En général, les Hongrois, mélange curieux de Scandinaves et de slaves aux goûts latins, aiment l’aventure et sont éblouis par l’attrait de l’inconnu.

Pista, ouvrier en Belgique, combattant « rouge » en Espagne, affilié au parti communiste en France, a échoué à Londres avant de s’embarquer comme marin pour le Canada…

Niklos, coiffeur et peintre tout à la fois, a vécu un peu partout, en Autriche, en France, en Espagne, en Algérie, au Maroc, en Tunisie…