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LES MUSES

tées avec beaucoup de goût. Un ancien directeur de la U. F. A. de Berlin et le directeur d’une salle de spectacles de Toronto avaient pris la charge de construire un véritable petit théâtre, muni d’un plateau, d’une scène, d’un rideau, de coulisses et de décors. Ils donnèrent ainsi plusieurs spectacles qui remportèrent un très vif succès.

De mon côté, j’organisai une soirée en français et en italien avec une troupe d’internés des deux langues qui joua avec beaucoup d’entrain.

Outre que de bâtir des décors, les deux Allemands qui s’occupaient du théâtre avaient constitué une petite garde-robe contenant des costumes qu’un ancien tailleur, devenu pour l’occasion le costumier, adoptait ou arrangeait selon les interprètes et le personnage qu’il fallait jouer. Le coiffeur d’un bateau marchand allemand était le maquilleur en chef et il s’acquittait de sa besogne avec une maestria digne d’un professionnel.

Dans ce Parnasse à écartement réduit qu’est notre petite ville, il n’y a pas que Thalie et Euterpe. D’autres muses sont cultivées.

D’abord, la Poésie lyrique, qui a deux ou trois représentants dont l’un, ancien ministre protestant, manie la rime avec aisance et inspiration.

La Peinture a, elle, plusieurs respectables adeptes. Un artiste d’indiscutable valeur, qui dirige une excellente école à Montréal. Un jeune et très brillant ancien élève de l’Académie de Brera de Milan, portraitiste d’une personnalité marquée qui marche à grands pas vers un avenir prometteur. Sans compter plusieurs Allemands