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LES MUSES

naissance de tous ceux qui, dans tous les pays, ont été ou sont prisonniers ou des internés de guerre, nous fournit un film par semaine pour la modique somme de cinq dollars. Le prix d’entrée à la représentation de ce film est de cinq cents. Nous louons nous-mêmes un autre film par semaine, mais le prix d’entrée pour assister à la projection de celui-là est de dix cents.

Ce sont, en général, des films de la production courante d’Hollywood. Quelquefois, il nous arrive d’en avoir de très beaux. Ce sont les mêmes que l’on voit dans les cinémas de toutes les villes, sauf que tous les films qui se rapportent à la guerre sont interdits.

Les bandes comiques amusent énormément les camarades. Mais celles qui les intéressent par-dessus tout et qui provoquent à proprement parler une sorte d’ivresse collective, ce sont les films qui ont comme protagoniste une jolie actrice et comme sujet une grande aventure d’amour. Il faut entendre alors les gémissements et les murmures par lesquels le public souligne les passages les plus passionnants du film. Pendant toute la soirée, après la représentation, on ne parle que de cela. L’héroïne du film est discutée, approuvée, critiquée avec une telle ardeur qu’on se croirait au lendemain d’une première sur le Broadway.

Tous ces films sont dialogués en anglais, ce qui n’empêche pas les camarades qui ne comprennent pas l’anglais d’être des spectateurs assidus.

J’ai demandé à un de ceux-ci, un vieux marin sicilien :