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LA VILLE SANS FEMMES

Heureusement, le tabac n’a jamais manqué. Des envois réguliers et abondants de différentes Croix-Rouges, de la Y.M.C.A. et d’autres associations philanthropiques ont toujours permis de distribuer à tous un peu de cet efficace dictame blond… qui apaise la faim et la soif, aide à la digestion, réveille quand on est endormi, endort quand on est éveillé, charme, distrait et guérit « les fatigues de l’esprit ».

On fume donc beaucoup au camp. On y joue également beaucoup. Tout homme, pour peu qu’il vaille quelque chose, ne cesse jamais d’être un enfant. On joue à tous les jeux. Pour cela aussi les mêmes associations philanthropiques se sont montrées d’une grande générosité en offrant cartes, damiers, pions, boules, cartons, etc. Car, du matin au soir, ceux qui ne sont pas occupés à une besogne spéciale jouent. Ils jouent aux cartes, aux dames, aux échecs, au tric-trac, au bowling, au fer-à-cheval et, surtout les Italiens, aux boules et à la morra.

Pour ce qui est des cartes, tous les jeux sont en vogue depuis le bridge jusqu’au poker. Dans un coin de notre petite ville, huit ou dix impénitents amateurs d’émotions fortes se retrouvent pour des parties étoffées de paris. Le jeu à l’argent, comme bien l’on pense, est condamné par le Règlement. Les internés eux-mêmes n’en veulent pas, au point qu’à quelques reprises certains joueurs se sont fait battre par des camarades nettement opposés à ce genre de divertissement. Mais rien n’y a fait !… Cette table de poker s’est toujours reconstituée ; personne n’a pu la disperser.