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— Vite ! il y a un colis pour vous…

La voix qui me réveille ainsi brusquement, pendant la courte sieste que je m’accorde à l’hôpital, après le déjeuner, est celle de mon vaillant collaborateur le « père Achille ». Nature ardente et généreuse, il est toujours tendu comme son mythologique et illustre homonyme car sa droiture foncière le met instantanément en état de révolte dès qu’il aperçoit quelque chose en désaccord avec l’idéal qu’il s’est formé. Et comme cet idéal est très généreux, il a fort à faire. Ainsi, après m’avoir annoncé que mon nom se trouvait dans la liste des colis arrivés, il ne peut s’empêcher de me confier :

— C’est tout de même honteux, ce qui se passe là-bas ! « Ils » écrivent les noms en très petits caractères afin d’empêcher les gens de les lire…

— Croyez-vous ? hasardai-je en m’étirant et en me levant.

— J’en suis sûr ! C’est comme le type chargé de crier les noms. Il les dit mal exprès pour embêter ceux qui attendent…

Nous sommes interrompus par l’arrivée d’un autre collaborateur de l’hôpital, celui qui remplit les fonctions de pharmacien. Il porte le surnom de Torey. C’est un Calabrais qui évoque une bouffée tonifiante d’air frais