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LA VILLE SANS FEMMES

Un de ses camarades canadiens a eu avant lui cette idée de génie. C’est le « major », grand spécialiste en travaux manuels.

Dès le matin, le « major » est au chantier de bois de la cuisine et il donne sur les pièces de bois des coups à assommer un bœuf. À peine son premier repas terminé, il passe au « lavage de la vaisselle », besogne qu’il a lui-même grandement simplifiée grâce à deux inventions dont il est l’auteur. Puis, il va se joindre à l’équipe des scieurs de bois pour la cuisine. Ce sont exclusivement des Canadiens français. Leur boss était naguère le chef d’un parti politique et il a comme camarades un dentiste, un industriel, un marchand-tailleur, un employé de librairie, un coiffeur, un comptable, un plombier, etc. L’équipe du bois entasse consciencieusement, et en bel ordre, des milliers et des milliers de morceaux de bois, qui forment comme un mur de défense autour de la cuisine.

Ce travail fait l’admiration d’un officier supérieur, qui a un penchant particulier pour les pièces de bois disposées en rangs réguliers et bien ajustés. Il vient tous les jours mesurer et contempler le bois coupé pour la cuisine.

***

C’est une spectacle curieux que celui de tous ces hommes appartenant à des mondes différents et assis à table aux réfectoires.