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MARMITES ET MARMITONS

À côté, au-dessous et au-dessus du chef, la cuisine comprend un personnel nombreux et varié. Je parle de la cuisine du premier camp où j’ai séjourné. Le service ne fonctionnait pas de même façon dans les deux endroits. Dans notre premier camp, les fourneaux, la glacière, le magasin et l’entrepôt étaient placés dans un bâtiment central auquel s’accotaient deux baraques meublées de tables et de bancs alignés qui servaient de réfectoires. La conjonction entre l’édifice central et les deux autres formait comme deux grands guichets. Appelés par ordre de baraque, les hommes faisaient la queue en file indienne devant ces guichets pour y recevoir tout à la fois leur ration de nourriture, de pain et de café au lait. Puis ils allaient s’asseoir à l’une des tables pour y prendre leurs repas.

La cuisine de notre deuxième camp, au contraire, comprenait un service de garçons de table… si l’on peut dire. C’étaient des internés qui avaient la mission de mettre les couverts, d’apporter les plats et de débarrasser les tables après les repas.

Revenons à notre première ville sans femmes. La nécessité de surveiller la confection des repas pour certains malades m’obligeait à aller assez souvent à la cuisine. J’y restais volontiers quelques minutes, car il s’y déroulait des scènes fort amusantes de cette éternelle comédie humaine à laquelle Balzac et Courteline doivent leur gloire. La cuisine, que tenaient sans cesse en mouvement la préparation et le service des repas puis le nettoyage et le récurage des assiettes, des marmites, des casseroles et des