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LA VILLE SANS FEMMES

— Vous voyez que vous ne pouvez pas nous accuser d’avoir négligé quoi que ce soit. Nous avons fait tout ce qui était possible pour vous trouver une maladie. Mais vous n’êtes pas malade. Soyez heureux de constater avec nous que vous ne souffrez d’absolument rien. Je dois ajouter que, maintenant, si vous ne vous décidez pas à faire comme tout le monde, c’est-à-dire à donner votre part de travail pour l’entretien du camp, vous irez en prison pour une semaine au moins.

L’Allemand réfléchit une minute, puis, résolument :

— Faites-moi conduire en prison : je ne travaillerai pas.

Une précaution que les autorités médicales du camp eurent soin de prendre fut de soumettre tous, ou presque tous, les internés à un examen du sang. La réaction Wassermann fut négative sauf dans une quinzaine de cas et les internés malades furent aussitôt traités par un des médecins spécialistes de la ville, un docteur italien d’Ottawa, qui, une ou deux fois par semaine, donnait les bienfaisantes piqûres.

On constata au bout de quelques mois que l’hôpital était devenu trop petit pour les besoins d’un nombre grandissant d’internés. Il fut agrandi et cela eut pour effet d’amener un plus grand nombre de « pensionnaires » et de me donner à moi plus d’aise et de confort. Une pièce assez grande resta même libre et, avec l’autorisation du commandant, nous l’utilisâmes pour des conférences sur la littérature française et pour des leçons sur des sujets de médecine données par les praticiens internés devant des médecins seulement.