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INFIRMIER

bre de malades avaient été libérés après une permanence de quelques mois à l’hôpital, l’idée s’était ancrée chez les internés qu’il suffisait d’être reconnu comme malade par le médecin militaire pour être libéré au bout d’un certain temps. C’en était au point que d’aucuns enviaient les malades :

— Celui-là, en a-t-il de la veine ! Il a une tachycardie aiguë compliquée d’asthme. Dans deux semaines, vous verrez, il sera chez lui, dit devant moi un grand gaillard qui, malgré tous ses efforts pour faire voir qu’il était de constitution délicate, ne parvenait pas à cacher une santé de fer.

— Bougre d’imbécile ! lui répondit le philosophe. Apprécie à sa juste valeur d’être aussi bien portant. Comme ça, au moins, ta famille n’est pas inquiète. Quant au fait d’être ici, prends donc les choses gaiement et tout ira pour le mieux !

De tels raisonnements n’empêchaient pas nombre d’internés de considérer l’hôpital comme de bienheureuses limbes où il fallait séjourner avant de goûter au paradis de la libération. Il y avait un Allemand, en particulier, qui avait refusé énergiquement de travailler sous prétexte d’un mal mystérieux. Le médecin militaire voulut convaincre cet homme de mensonge et consentit à le soumettre à toutes les épreuves, à tous les essais, à toutes les visites et contre-visites qu’il demanda. Cela dura deux mois. Après que les dernières analyses eurent démontré que le prétendu malade ne souffrait de rien, l’officier le fit venir dans son bureau et, lui mettant sous les yeux des documents probants, lui dit :