Page:Dulaurens - Imirce, ou la Fille de la nature, 1922.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

placer dans un fauteuil, donna un signal ; à l’instant deux grandes portes s’ouvrirent, je fus frappée de l’éclat de la plus belle aurore. « Oh ! m’écriai-je avec transport, cher Ariste, quelle belle cave ! » Les oiseaux, la verdure, le point de vue étaient admirables. Je ne jouis pas longtemps de ces beautés ravissantes, mon amant regarda à sa montre, frappa du pied ; dans le moment, les parois de la chambre se replièrent, je ne vis plus rien ; je fus consternée ; je demandai au philosophe si cette belle cave était à lui : « Non », me dit-il. Je fis mille questions ; il promit de me faire jouir pour toujours des objets que j’avais vus ; qu’il fallait avant accoutumer mes yeux à la lumière d’un astre, dont l’éclat m’éblouirait. Ariste était sage, il m’aimait, je m’abandonnai à sa prudence.

Le jour destiné à voir le soleil, Ariste m’éveilla avant l’aurore. Nous entrâmes dans un jardin rempli de fleurs ; ce peuple innocent humectait ses charmes dans les pleurs féconds et brillants qui tombaient du ciel : tout ce qui m’environnait me causait un étonnement extrême. Des allées d’arbres, dont les branches me paraissaient suspendues dans l’air, l’aspect de l’horizon le plus brillant, la magnificence de la belle cave et toute la pompe de la création remplissaient mon âme d’un respect mêlé d’admiration et de crainte ; mais quelle fut ma surprise quand je vis paraître le soleil ! je fus pénétrée d’une si profonde vénération pour lui que je le pris pour le maître de la belle cave ; je dansai. Ariste comprit mon erreur ; « Cet astre, Imirce (c’était le