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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE


Je donnais du trouble à Emilor, et Emilor me donnait de l’inquiétude. Il manquait quelque chose à notre bonheur ; je devenais pâle, mon amant était triste, nous étions tourmentés, nous cherchions du soulagement. Une nuit, il s’approcha plus de moi, nous nous accouplâmes sans le savoir. La douleur légère de cette opération fut payée par une ivresse délectable : mon amant me devint plus cher et je sentis que le plaisir était préférable au pain, au panier et au maître de la cave.

Je devins grosse. Les douleurs de l’enfantement ne furent pas violentes. Emilor parut sensible à mon état. J’accouchai d’un garçon. L’apparition de cette petite créature nous surprit, nous sentîmes un vif attachement pour elle. Elle ne tarda pas à chercher mon sein. J’étais couchée, la tête de mon enfant reposait sur ma gorge, comme sur un coussin doux. Emilor venait regarder à chaque instant ce fruit de nos plaisirs : il paraissait content de l’avoir fait comme lui ; et par mille baisers, il m’en témoignait sa reconnaissance.

    si, des pourquoi, sur des petites misères que la nature n’avait pas encore honorées de ses regards. Je me rappelle d’avoir répondu à une de ces petites curieuses. Ma bonne amie, cette légère différence est précisément la raison pourquoi je t’aime mieux que ton frère le poupon. Mon cher, répondit la jeune demoiselle, j’aime aussi cette différence. Ces jeux puérils paraissent être dans la nature. La pudeur est une vertu d’éducation. Un enfant montre-t-il son derrière ? on lui dit : Petit coquin, cache ton cul ! L’enfant le cache : le montre-t-il encore, on le fouette ; et à coups de martinet, on lui entasse la pudeur par derrière.