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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

quelques êtres ; il leur a donné autant de perfections que leur nature bornée pouvait en recevoir ; il a pu donner à quelques créatures l’intelligence et la liberté de faire volontairement quelque bien, et il a fait à toutes ses créatures un don infini en leur donnant l’existence, quoi qu’en les laissant dans une distance infinie de lui-même.

L’idée que j’ai de la toute-puissance et des perfections de Dieu m’oblige à croire qu’il a donné à toutes ses créatures toutes les perfections dont leur nature est susceptible ; il n’a pu les créer infiniment parfaites, leur nature étant d’être bornées et accidentelles ; il n’a pu les créer aussi libres que lui, il aurait fait des dieux semblables à lui : il les a créées parfaites dans leur genre, il leur a donné tous les genres de perfections dont elles étaient capables ; il n’a donc pas créé l’homme tel qu’il est aujourd’hui, puisque nous avons l’idée d’une nature plus parfaite, qui nous est plus propre que celle où nous sommes aujourd’hui.

Il est évident qu’une intelligence qui a le pouvoir d’agir sur la matière et sur laquelle la matière a réciproquement le pouvoir d’agir, constitue notre nature ; il est conséquent que notre nature sera plus parfaite, si c’est l’intelligence qui domine et qui agit en supériorité, et si notre intelligence ne cède à la matière que lorsque l’organisation et l’économie de la machine l’exigent. Voilà l’accord parfait, et il faut conclure que c’est l’état naturel où Dieu créa l’homme. Car, n’est-il pas plus raisonnable de