Page:Dulaurens - Imirce, ou la Fille de la nature, 1922.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

réflexions d’un soldat suffira pour persuader au dur père d’Émile que son système ne peut porter dans l’âme cette sécurité que doit chercher l’homme raisonnable. J’entre en matière.

La recherche de la vérité est le grand objet de l’homme ; notre intelligence cherche son bonheur dans la contemplation de cette vérité ; plus l’homme raisonnable la cherche, plus il approche de la félicité.

Le Créateur, qui a plus d’amour pour ses créatures à proportion de ce qu’il les a créées plus parfaites, donne l’existence et l’action aux intelligences, les béatifie plus ou moins, à proportion qu’il leur a donné plus ou moins d’existence ou d’activité.

L’homme est composé d’un corps matériel et d’une intelligence qui paraissent l’inspirer tour à tour. L’un est le plaisir des sens, l’autre est la vérité : quand l’homme donne l’essor à ses facultés, son âme alors prend le dessus, et son corps semble anéanti, sans existence et sans fonctions ; mais quand l’homme, matérialisé par les sensations, oublie la recherche de la vérité, c’est son âme alors qui semble anéantie et sans activité. La raison rend ces deux états sensibles dans l’homme ; il n’est personne, un peu attentif sur soi-même, qui n’ait éprouvé cette supériorité en suivant son intelligence, et cette infériorité en n’écoutant que ses sensations.

Dieu, qui de toute éternité comprend les idées de tous les êtres possibles, a donné librement, dans le temps établi par l’ordre, sa sagesse, l’existence à