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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

dence de son père, de sa mère, la sienne et la mienne : tu aimes ma sœur, me dit-il ; répare ta sottise, demande-la à mon père, il donne dans les proverbes ; il soutient toujours qu’un bon mariage raccommode tout. Pour dissiper le noir que cette rencontre avait mis dans notre esprit, nous allâmes voir Arlequin et Mademoiselle…

J’écrivis le lendemain à mon oncle, j’offris de réparer l’injure que j’avais faite à ma cousine, je n’eus point de réponse. Quinze jours après, j’allai chez mon grand-père le prier de s’intéresser à mon mariage. Il dînait en grande compagnie ; comme enfant de la maison, j’entrai sans me faire annoncer. Le bonhomme, en me voyant, se mit à crier : « Comment, malheureux, oses-tu paraître à mes yeux ? scélérat, la terre peut-elle te porter ! pourquoi la foudre laisse-t-elle respirer un monstre tel que toi ! » Cette réception rafraîchit un peu l’empressement que j’avais d’embrasser mon grand-père.

Un jeune homme de la compagnie, plus aimable et plus tendre que les vieilles gens qui étaient à table, car mon grand-père n’avait qu’une vieille cour, tâchait de calmer ses fureurs. « Comment, lui dit-il, qu’a donc fait Monsieur ? est-il si coupable ?… a-t-il assassiné ?… — Il aurait mieux fait de tuer trente vauriens comme lui : hélas, messieurs ! on l’a trouvé couché avec sa cousine Sophie, cette jeune personne, que vous avez vue ici l’été dernier : le monstre a voulu réparer sa sottise en la demandant en mariage ; mais son oncle a été plus sage.