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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

raisons pour lesquelles ont m’enterrerait dans le château de Sa Majesté, à une lieue de Paris. »

Étonnée encore plus des discours de Xan-Xung, je lui dis : « Que crains-tu, mon ami, tu penses comme la Cour et les gens d’esprit ; Pourquoi aurait-on l’injustice de t’enfermer. — À cause du catéchisme de Sens ; il y a des choses arrangées dans cette production, qui ne vont point avec les miennes. — As-tu fait tes ouvrages en France ? — Non, je m’en donnai de garde : les lois défendent à l’esprit humain de s’éclairer ; j’ai travaillé chez un Roi philosophe ; il permet à ses sujets d’aller en paradis par la rue Montorgueil, par la rue des mauvais Garçons, par la rue d’Enfer, et par telles rues qu’il leur plaît ; il suffit qu’ils soient justes, qu’ils aiment leur Patrie. — Si tu n’as pas fait tes livres en France, qu’appréhendes-tu ? — Le droit français ; il a le privilège d’envoyer aux galères un homme qui vend du tabac à Amsterdam, à cause que le tabac est permis en Hollande, et défendu à Paris. — Tu es bête ! il y a trop d’esprit en France pour craindre une injustice. — Malgré les petits progrès de l’esprit en France, malgré que le Ministre et le Juge qui signeront la lettre de cachet, avoueront qu’ils ont tort, je ne serai pas moins pensionnaire de Sa Majesté à Bicêtre, parce que le cathéchisme de Sens le veut ainsi. Pourquoi, dira le Ministre, Xang-Xung a-t-il écrit à deux cents lieues du Royaume des choses qui ne sont point dans un catéchisme, dont nous nous moquons ; a-t-il besoin