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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

donner une nouvelle face à mon pays ; c’était à moi seul que les beaux-arts destinaient la gloire d’humaniser des peuples encore moscovites.

Ma docte éloquence, mon génie puissant, sont gâtés par mon attachement assidu pour les jésuites ; c’est moi qui, au grand étonnement de la France et de l’Europe, conserve une tête de cette hydre féconde, homicide, horrible, indomptée, monstrueuse, renaissante, terrible, tortueuse, etc., etc., qui s’élancera un jour des rives de Lilliput et fera trembler les palais des rois.

Mon attachement à cette société n’est pas connu de l’Europe ; voici, Monsieur, ce qui immortalise ma reconnaissance : j’avais une jolie femme remplie d’esprit et de vertus, je ne pus lui faire d’enfants ; j’avais deux maîtresses, je ne pus leur faire d’enfants ; je passai aux secondes noces, je n’avais point d’enfants. Les jésuites me parlèrent du bras miraculeux de saint François Régis ; je fis une neuvaine au bras, et je fis un enfant à madame la Cadilesquer. Cette faveur, que le ciel accordait aux prières d’un saint Iginiste, attache naturellement mon cœur à son ordre. J’ai encore besoin de son secours pour un fils que j’ai bonne intention de faire ; vous voyez qu’il faut ménager le bras de saint François Régis.

Voilà, Monsieur, l’origine de ma belle passion pour les jésuites. Le miracle de Langres a fait du bruit dans ma province, nous serions jaloux de mériter les faveurs de votre merveilleux Dressant,