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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

vous écrivions en conséquence pour vous prier de faire grandir le chose à Guillot. Si vous venez à Paris, je demeurons auprès des Porcherons, je vous blanchirons pour rien deux chemises pendant trois semaines. Je suis avec le respect de l’honneur que j’ai d’être très parfaitement, votre servante, Jeanne Carlotin. »

LETTRE de Monsieur le Cadilesquer, de
la province de Lilliput
.
Monsieur,

« Je suis à la tête d’une compagnie révérée ; j’ai quinze parents ou alliés dans ce corps ; vous voyez que tous les suffrages sont dans mon bonnet carré. Je suis d’une sévérité rigoureuse à faire justice ; je ne pardonne jamais ; je suis craint de toute ma province ; et je n’ai point d’amis. La bienfaisance, qui doit tenir la balance du juge, n’est pas assise à mon côté ; le glaive seul de la loi brille dans mes mains austères, ma bouche de sang ne prononce que des sentences de mort ou des arrêts d’ostracisme : mes soins les plus vigilants sont d’arracher les palmes du génie, qui veulent croître dans les broussailles de la province de Lilliput, pour y laisser l’ivraie assoupissante du pays latin, les chardons pointus de la superstition et la mauvaise morale des jésuites : c’est en se plaignant de Jupiter que quelques honnêtes gens m’admirent ; j’étais capable de