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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

Voilà, dis-je à mon grand-père, l’histoire de Dressant, c’est sur cette fable que je veux établir ma fortune. La Mecque, qui fait l’obligation qu’elle a aux fables, ne se fâchera point que je gagne un peu d’argent avec la mienne. « Tu as des idées extravagantes, Xan-Xung, tu te feras des affaires ; je sais que dans le pays où tu veux aller, on fait beaucoup de plaisanteries avec les Aoulia ; mais les derviches ne veulent point qu’on se mêle de leur métier ; crains les bonzes, ces fanatiques arrangent les fagots dans cette province, il ne faut guère d’esprit pour arranger une douzaine de fagots ; c’est à cause qu’il ne faut point de génie qu’on brûle un homme d’esprit. — Il ne peut rien m’arriver de fâcheux, mon cher papa, pourvu que vous voulussiez vous prêter à notre fortune, vous défaire des manières du temps de François Ier, prendre l’air modeste d’un bonze, lâcher quelques paroles édifiantes, et prêcher des contes aux Mecquains ; ils croient aux rêves du Mousti, ils pourront peut-être ajouter foi aux discours d’un homme éclairé. »

Nous partîmes pour la Mecque. Nous prîmes la route par la Bourgogne, nous nous arrêtâmes à Langres, où nous fîmes voir le merveilleux Dressant. Ma femme montrait les beautés et les agréments de l’Aoulia, mais ses charmes enchantèrent bien davantage les Langrois. Le bruit de la momie, les grâces d’Éphigénie, attirèrent une foule de spectateurs. On admirait quelque temps mon grand-père, et les yeux revenaient toujours sur Mme Xan-