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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

tente de votre mari ? » — « Ah ! ma chère mère, répondit la jeune femme, que l’invention de l’homme est une belle invention… je suis tout honteuse… Milord Dressant entend mieux cela qu’à ramer les choux ».

Lewis Bondon, sachant que son fils avait uni sa chair à celle d’une blanchisseuse, l’enferma chez lui ; et par le ministère de Milord Côme, écuyer tranchant des barbes de son quartier, lui fit abattre les sources jumelles de l’humanité. L’opération achevée, Bondon s’écria : « Ô mon fils Dressant vous voilà invulnérable auprès des filles de Babylone et de Covent-Garden ; vous pouvez dès aujourd’hui coucher en toute sûreté avec votre grand’mère ».

L’infortuné Dressant, ne trouvant plus d’agrément dans la ville de Londres, s’embarqua pour Constantinople, de là il passa à La Mecque, où il prit la vie des bonzes. Sa grande chasteté lui mérita les regards de Mahomet ; le prophète, pour le récompenser de sa vertu, le déclara patron des frigides. Dressant, jaloux de faire part à ses compatriotes des faveurs qu’il avait reçues du législateur des croyants, retourna à Londres, où il fit des cures prodigieuses sur les Mylords attaqués de consomption et d’impuissance. Les grâces qu’il accorda au Duc … furent la cause de sa mort. Henri VIII, instruit de la guérison de ce seigneur, fit pendre Dressant ; depuis ce temps, la majesté du peuple anglais et la croyance du peuple turc, ont toujours invoqué ce bonze merveilleux.