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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

assez belle pour pourrir dans la terre[1]. — Vous avez beaucoup d’esprit, Miss ? — Ça vous plaît à dire : « Après vous, Milord ; il n’y a plus qu’à tirer l’échelle ». Un pareil compliment annonce toujours en Angleterre une fille bien nourrie. — « Vous avez une belle main, continua l’amoureux, vous devez avoir aussi un beau sein ; car on dit que la main fait la gorge. — Oui, j’ai le sein fort beau, mais vous me faites bien de l’honneur, j’aime mieux d’être moquée ici, que dans le parc de Saint-James, il n’y a pas tant de monde ; c’est vous, Milord Dressant qui êtes un garçon droit comme un I, un drôle bien déhanché. — Oh ! point du tout, je ne suis pas beau. — Ah ! si, vous êtes grand et beau, vos mépris, Milord, vous serviront de louanges. — Au reste, repartit Dressant, je suis prisé par une personne qui a un esprit sublime. »

Cette conversation se termina par la permission que l’amoureux demanda d’embrasser sa maîtresse : « Voulez-vous bien, chère Miss, m’accorder la considération de vous baiser, cela serait fort doux à mon visage. — Vous avez raison, Milord, cela ne serait point aussi dur qu’une porte ; mais, au reste, je ne suis pas la fille d’un boulanger, je n’aime pas les baisures ; ma mère veut bien qu’on me baise, elle ne veut pas qu’on me chiffonne[2] ».

  1. Cette réflexion est de la majesté et du génie anglais qui pense toujours solidement et fortement.
  2. Ces phrases ont plus de grâce dans la majesté du langage anglais.