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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

« Voyez, dit Kitty, est-ce que je pensais que mon cul était un jardin[1]. »

Le mérite de Mlle Crincrin se fit connaître. Dressant ne fut pas insensible à tant de charmes. Il vit la belle au service, en galant homme, il choisit ce moment pour devenir amoureux, et Kitty profita du même sermon pour ouvrir son cœur aux subites impressions de M. Dressant. L’amant était à son côté, son œil s’émancipait à courir sur la belle gorge de Kitty, et cet objet augmentait les distractions et l’amour du berger.

Dès qu’un Anglais est sensible, il en fait part à sa marraine ; et lorsqu’elle a déterminé la nature de sa passion, il se presse de l’apprendre à l’objet de ses désirs. Un Breton ne croirait point être amoureux si sa marraine ne l’en avait persuadé. Dressant suivit l’usage de sa nation ; assuré de son amour, il ne tarda plus à l’apprendre à la bergère.

Le jeune homme, naturellement timide, ne frappa qu’en tremblant à la porte de sa maîtresse ; son air gauche, que la crainte engourdissait encore, répondait dans son maintien à cet air grossier que le pinceau de Teniers a si bien rendu dans ses tableaux. Il se présenta d’abord à la mère pour obtenir la permission de voir sa fille. Il débuta par une révérence profondément marquée ; et tenant d’une main son

  1. Cette simplicité anglaise a son mérite et fait honneur à Kitty. On observera que je ne peins dans ce morceau que la canaille anglaise ; les honnêtes gens pensent sagement et s’expriment de même dans toutes les nations.