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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

mon premier amant, le seul homme que j’aime et le seul que j’aimerai. »

Je n’avais point parlé à ma femme de la momie ; elle la trouva un jour, me demanda ce que c’était que ce cadavre. Je lui contai l’histoire et les clauses du testament. « Ah ! cher époux, me dit-elle, quelle importante ressource dans notre faible fortune ! Cette momie fournira à nos besoins, il faut peu aux sages, ce sera moi qui soufflerai au derrière du grand-père, chaque fois que nous en aurons besoin ; mon cœur qui t’aime, le fera sans répugnance. » — Non, chère épouse, lui dis-je en l’embrassant, nous ne serons point réduits à cette humiliante nécessité. Une centaine de louis, qui nous restent, notre économie, le temps, l’occasion, le bonheur, nous empêcheront de recourir à un moyen si dégoûtant. » Malgré mes raisons, ma femme souffla quelque temps après au derrière de mon grand-père.

Femmes agréables de Paris, petites maîtresses, visages peints, cœurs plâtrés, vous blâmerez sans doute le mauvais goût de Mme Xan-Xung ; hélas ! vous eussiez soufflé comme elle au derrière du Grand Tonquin de la Chine, non point pour un mari, cet animal n’est pas fait pour mériter vos soins ; mais pour rendre la vie à un petit chien idolâtré, pour arracher un amant d’éclat d’une rivale illustre ; oui, le cul de mon grand-père serait bientôt usé de vos baisers caressants, s’il pouvait vous donner la beauté triomphante d’Éphigénie.

Ma compagne profita de mon absence pour souf-