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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

nymphes font changer la nature de la matière louable : Christophe Colomb leur a parlé à l’oreille ; elles donnent des faveurs, on les leur rend, et ces donnés, ces rendus sont fatals à la société et à la matière louable… Allons, répondez-nous, aimiez-vous les femmes ? — Certainement, je les adore toujours ; notre goût pour elles est si beau, il a été imprimé dans nos cœurs avec tant d’inclination par le Tien, que nous les idolâtrons encore dans l’autre monde ».

M. le doyen, qui était mécontent de sa femme, répondit froidement : « Hélas, ce sexe que vous chérissez tant, est cependant funeste à la santé ». — « Du temps de François Ier, dit mon grand-père, il entretenait nos jours ; le plaisir qu’il me procurait, me mettait de meilleure humeur, et l’âme mieux disposée repousse plus aisément les qualités ennemies qui l’assiègent. J’observais que les filles du monde, toujours agitées délicieusement par le plaisir, étaient à l’abri de mille maladies ; comment voulez-vous qu’une chose triste comme la fièvre attaque une chose gaie comme une fille de joie ? elle est toujours en l’air, son corps est dans l’agitation continuelle du plaisir ; par où la fièvre irait-elle la surprendre ? Les filles étaient la pierre de touche de ma santé ; quand je répondais à leurs caresses, j’étais certain de me bien porter. — Ne vous purgiez-vous pas quelquefois, du temps de François Ier ? — Non, je prenais des filles ; je m’en trouvais parfaitement bien, la femme est un remède divin, quoi qu’en