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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

Un enfant de chœur, qui encensait le cadavre, aperçut la queue du chien, lui donna un coup d’encensoir qui lui fit lâcher prise ; il sortit de dessous le poële, où il laissa la momie.

Mon grand-père, encore étourdi, ne voyant pas le jour sous l’épaisseur du drap mortuaire, crut d’abord être englouti dans le ventre du chien ; il se mit à crier, à jurer, à tempêter. Les assistants, effrayés, croyant que c’était le mort qui revenait, se sauvèrent. Le prêtre, qui n’avait pas la conscience trop nette, laissa le sacrifice, et prit la fuite comme les autres. Je me trouvai tout à coup seul dans l’église ; je tirai mon grand-père de dessous le poële ; le bonhomme, sans respect pour le lieu saint, me dit : « Malheureux, tu fais toujours de belles étourderies ; s’il y a un mauvais fiacre à Paris, tu le choisis par préférence, tu es un sot ; sans le secours d’Allah, ce chien, comme tes procureurs, m’allait gruger jusqu’aux os. »

L’après-midi, je menai mon grand-père sur les boulevards ; je le posai sur une vieille futaille à la porte du grand café. Le papa s’amusa à chanter pouille aux passants. Il vit un carrosse garni de quatre abbés commendataires ; il se mit à crier : « Messieurs, cherchez-vous des filles de joie ? Allez à la barrière Sainte-Anne ou dans la petite rue du Chantre ; du temps de François Ier, il y avait toujours une garce dans cette rue. » Il vit M. D… fermier général. « Écoutez, lui dit-il, je sais que vous connaissez la multiplication des deniers, mais vous