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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

M. de Voltaire ait beaucoup de foi à nos bénédictions. Si quelqu’un de nos citoyens romains avait composé la moitié des choses édifiantes qu’il a écrites sur nous, nous ne lui eussions envoyé qu’in articulo mortis précisément sur la fin d’un autodafé, où il aurait fait la décoration et le divertissement. Vous avouerez, maître Abraham, que M. de Voltaire est plaisant d’envoyer à un pape l’histoire de Mahomet ; n’est-ce point à peu près ce qu’on appelle parler de corde dans la maison d’un pendu ?

« Quoique ce grand poète soit chargé de nos bénédictions, ne vous avisez point de l’imiter ; il est trop raisonnable, il estime les encyclopédistes, il a fait de beaux articles pour leur dictionnaire, il a des préjugés légitimes que vous êtes un sot ; ne vous découragez pas, ô grand Chaumeix ! Montrez hardiment votre petit poing aux philosophes ; faites tomber, si vous pouvez, le bon sens et la raison ; depuis qu’ils gagnent du terrain, j’en perds ; les jésuites ne sont plus, leur chute me fait trembler. Le Parlement de Paris m’a lié les mains. On commence à croire que l’infaillibilité de l’Église n’est plus dans une seule tête, ni renfermée dans les murs de Rome ; que les cardinaux, successeurs des anciens curés de cette ville, n’ont pas plus le droit de faire un chef italien que n’en ont les enfants de chœur de la Sainte-Chapelle de nommer le P. Hayer gardien du couvent du faubourg Saint-Laurent. Continuez, ô cher Abraham, à déshonorer la