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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

que la simplicité et l’ardeur de nos jours sereins passent comme les plus longues journées de l’été, pour revenir encore ! Puissions-nous les voir ainsi pendant soixante automnes ; après cet âge, finir au premier printemps, comme Philémon et Baucis !

Ô bonheur ! ô félicité que j’ai cherchée si longtemps, je ne vous dois pas à Jean-Jacques, au sage Adisson, au fou de Pascal, ni au frère Croiset de la Compagnie de Jésus ; c’est à toi seul que je la dois, brutal Durpetri, dont la voix baroque et barbare a servi d’organe, à la nature. Ô mon boulanger, ô mes bras, que je vous ai d’obligation ! ô intelligence, dans laquelle je cherchais mon bonheur, que m’avais-tu inspiré ? quel bien-être pouvais-tu m’offrir dans l’arrangement bizarre de quelques rimes stériles et ingrates ? L’exil, l’emprisonnement et la haine des sots ont couronné mes premiers vers.

Chenilles de Versailles, vers-luisants de Paris, gros limaçons de province, aurez-vous le génie de jalouser mon bonheur ? Vos cœurs, agités par l’intérêt ou la faveur, le cherchent en vain dans ces palais somptueux, dans ces spectacles puérils, dans ces coteries plates et tumultueuses ; remuez vos bras, refluez dans les campagnes ; c’est dans le cœur de ces hommes rustiques que vous trouverez le bonheur ; rapprochez-vous de la Nature, répondez à ses vœux, remuez vos bras, et vous verrez naître aussitôt le jour de la félicité.

Ô chère Zéphyre, c’est à tes pieds que j’apporte cet ouvrage : je le consacre à tes charmes, et le