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IMIRCE OU LA FILLE DE LA NATURE

« Le Tien a toujours estimé notre cousine ; Frétillon et notre famille l’ont toujours aimée ; beaucoup de mes filles, de mes petites-nièces les ont imitées. Toutes les familles sont arrangées de façon qu’il y a toujours des voleurs, des putains ou des prêtres.

« Le cousin Berthier a été dans son temps un fameux confesseur. Tout Paris connaît la confession honnête qu’il fit à Versailles à un janséniste. Ce jésuite avait une très belle voix pour chanter la journée de la Saint-Barthélemy ; il ne trouvait rien de plus grand, de plus tendre, que cette abominable journée ; et après ses confrères Busembaum et La Croix, rien de plus aimable que le P. Tellier et le frère Coton.

« Le marquis du roi de Pologne, M. Caraccioli, était encore un de nos parents. Mme sa mère était notre cousine par sa grand’mère qui avait épousé un Xan-Xung dans le temps du carnaval de Venise. La mère du cousin marquis fut enlevée dans une étoile, parcourut pendant vingt-cinq ans ces globes lumineux, qui roulent sur nos années. Le génie qui préside aux vents coulis l’engrossa en lui soufflant au derrière ; elle fut dix-huit mois enceinte, à cause qu’il faut plus de temps pour fonder, former, organiser le crâne d’un auteur marquis, que celui d’un auteur plébéien. Vers la fin de janvier, Mme Caraccioli descendit de l’étoile de Sirius sur la porte d’un couvent de capucins, où elle accoucha par le fondement, endroit ordinaire d’où sortent les vents coulis.